L’administration locale de l’Église tridentine requiert souvent de soumettre des « doutes » à l’examen de Rome. En Italie surtout, le recours à l’arbitrage d’un tribunal ou d’une commission cardinalice a lieu dès que l’interprétation du concile de Trente est en jeu, et plus largement dès que l’une des parties fait appel de la justice épiscopale devant la juridiction pontificale. Il en découle une circulation continue de papiers entre les chancelleries romaines et diocésaines, principalement sous la forme d’interrogatoires, de consultations et de compilations. Si l’on suit Paolo Prodi, ce continent d’écrits est la manifestation des rapports verticaux entre le Saint-Siège et les églises locales, au même titre que l’envoi des visiteurs apostoliques ou l’activité des nonciatures. Le cas milanais permet de discuter cette interprétation. Loin d’être un préalable à l’action, la mise par écrit des contentieux est conjointe à l’exercice du pouvoir. Pour comprendre l’ampleur de la documentation formée autour des conflits de juridiction à partir des années 1560, nous nous arrêtons sur une question âprement débattue dans l’Italie tridentine : les pouvoirs d’arrestation des évêques.