Le contentieux climatique, dans le contexte du droit international public, est source de complexités et paradoxes qui lui sont inhérents. La tension entre conditions procédurales et impératifs environnementaux soulevés par la crise climatique mondiale naît de l’exigence pour les requérants de démontrer une affectation individuelle spécifique malgré la globalité du préjudice climatique. Ce phénomène n’étant qu’amené à s’accentuer, il appelle à adopter une approche plus qualitative que quantitative pour répondre de manière adéquate à la dimension collective et transnationale du changement climatique, rendant nécessaire l’élargissement des perspectives démocratiques dans le traitement de ces litiges. Sans doute est-il temps que la justice internationale révise son appréciation du dommage comme condition d’engagement de la responsabilité internationale et s’affranchisse de sa dépendance à une démonstration d’affectation individuelle spécifique pour parvenir à un rééquilibrage de la fonction procédurale de l’intérêt à agir. En ce sens, une évolution de la responsabilité internationale vers une fonction préventive, dans laquelle les juges pourraient entreprendre de renouveler les critères de justiciabilité pour mieux refléter les défis du changement climatique présente de nombreux intérêts.