Interactions redéploiement végétal / dynamique éolienne : capacité de résilience des milieux sahéliens (exemple du Hodh mauritanien) - Université d'Angers Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2012

Interactions redéploiement végétal / dynamique éolienne : capacité de résilience des milieux sahéliens (exemple du Hodh mauritanien)

Résumé

Les marges nord du Sahel, largement consacrées aux activités pastorales, sont caractérisées par des précipitations moyennes annuelles de 250 à 400 mm et un couvert végétal steppique qui a souffert d’un recul durant la période de sécheresse de la fin du 20ème siècle. La partie occidentale de ce domaine connaît, depuis la fin des années 90, une amélioration des conditions pluviométriques susceptibles de créer des conditions favorables à la régénération des pâturages. A l’échelle du Hodh sahélien (Mauritanie), au Sud du 17ème parallèle, les géosystèmes sableux sont dominants et façonnés en cordons dunaires plus ou moins vigoureux. Alors qu’en 1956 une steppe arbustive ou arborescente fixait l’ensemble des sables et permettait une activité pastorale, à la fin des années 90, cet espace est caractérisé par une rétraction de la couverture végétale en faveur des aires de réactivation sableuse, limitant l’activité pastorale. Ces modifications traduisent la sensibilité du milieu aux activités anthropiques et aux processus éoliens qui interfèrent avec le développement du couvert végétal (Penven et al., 2008). A l’échelle d’un secteur de la région sud-ouest du Hodh, caractérisé par une homogénéité du substrat et du mode d’utilisation de l’espace, une étude fondée sur le traitement d’images satellites (Cotonnec et al., 2010) montre qu’en 1999 (1ère année d’une chronique pluviométrique satisfaisante), les espaces sableux réactivés représentent 15 % de la superficie totale. En 2005, la même approche donne un résultat de 13,1 % de superficies de sables vifs, soit une tendance à la stabilisation voire un arrêt de la dégradation du système, 6 ans après la fin de la période de sécheresse. Toutefois, des différences de réponse du milieu ont été constatées en fonction des lieux. Ainsi, les auréoles de dégradation autour des sites de concentration des activités humaines ont une vitesse de réponse rapide en se contractant et/ou en se redéployant promptement en fonction des initiatives des populations. Dans les aires à pression pastorale diffuse, les sommets des cordons majeurs sont affectés par de fortes remobilisations des sables et le redéploiement de la strate herbacée se présente sur le terrain sous forme d’un front de recolonisation discontinu au contact des sables vifs, en concurrence avec les processus éoliens. D’une largeur de quelques mètres sur une longueur pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres en fonction de la dynamique locale des sables vifs, ils constituent des géotopes de transition avec les aires végétalisées. Leur composition végétale est limitée à 4 ou 5 espèces d’importance majeure dans la restauration du milieu (fixation des sables au profit de la steppe). La mixité des composantes de ces géotopes et leur organisation les rendent identifiables sur des images satellites de résolution moyenne (Landsat et Spot). La question de la résilience du système se pose dans ce type de milieu. En effet, après la dernière période de sécheresse qui a gravement endommagé le couvert végétal dans son recouvrement et sa composition, nos observations terrain montrent que les espaces steppiques ont retrouvé une diversité floristique comparable à l’état antérieur. Toutefois, si nous constatons l’existence d’un front de recolonisation végétale sur les cordons réactivés, les masses sableuses sommitales constituent un stock disponible conséquent favorisant l’efficacité d’une redistribution éolienne. Cette configuration du système engendre une forte inertie face à la dynamique de recolonisation des cordons sableux par la végétation herbacée. Cela pose la question du temps de réponse à l’amélioration des précipitations à l’échelle globale du système et des fronts de colonisation en particulier. La réponse de ce dernier dépend des capacités phénologiques de certains végétaux à s’implanter et se développer dans un espace dont la dynamique en terme de bilan géomorphologique annuel peut être positif ou négatif. La réponse dépend donc également des échelles saisonnière (opposition saison sèche / saison humide), annuelle, interannuelle. Les vitesses et les rythmes de dégradation et de redéploiement du couvert végétal sont donc fonction de contraintes temporelles locales. L’ensemble de ces paramètres conditionne les trajectoires de reconquête végétale et de restauration de la biodiversité à l’échelle du système. Notre objectif est ici, grâce aux données de télédétection et terrain, de mettre en évidence, sur des sites représentatifs, la diversité des modalités de fonctionnement du milieu. Situés là où le vent apparaît comme un élément de forçage en compétition avec la dynamique de la végétation, les fronts de recolonisation végétale, contraints par la variabilité pluviométrique interannuelle, apparaissent dès lors comme de véritables indicateurs des trajectoires du système, des relais spatio-temporels constituant une séquence fonctionnelle positive ou négative permettant une approche des vitesses de réponse de la végétation à différentes échelles de temps. Notre étude montre que la connaissance des vitesses respectives d’avancée et / ou recul de ces fronts de colonisation devrait permettre de mieux évaluer la vulnérabilité des pâturages sahéliens.

Domaines

Géographie
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-01109413 , version 1 (26-01-2015)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01109413 , version 1

Citer

Adeline Cotonnec, Marie Josée Penven, Ahmedou Ould Soule, Ismail Ahmed Boumediene. Interactions redéploiement végétal / dynamique éolienne : capacité de résilience des milieux sahéliens (exemple du Hodh mauritanien). Erosion éolienne et lutte contre l’ensablement, Nov 2012, Laghouat, Algeria. ⟨hal-01109413⟩
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